Le métier de facteur est exigeant physiquement. Météo, microbes, manutention : trois mots « en M » qui mettent notre corps à rude épreuve. Heureusement, par habitude et entraînement, nous développons une forme de résistance au mal. Les facteurs seraient donc de véritables guerriers, immunisés contre les agressions extérieures ? Euh, presque.
À mes débuts à La Poste, j’enchaînais les CDD de courte durée, oscillant entre dix jours et un mois et demi. J’ai beau faire du sport régulièrement, j’étais épuisé ! En cause, une accumulation de petites souffrances quotidiennes. Quelques exemples :
- Les mains écorchées : on se coupe avec les coins des enveloppes, on se cogne contre des grilles, on s’érafle contre des branches…
- Les crevasses : quand le froid s’y met, les mains sont les premières à souffrir ! Les tournées en vélo ou scooter sont particulièrement éprouvantes de ce point de vue.
- En cas d’épidémie de grippe ou de gastro, le facteur est en première ligne. On croise des dizaines de personnes, on leur serre parfois la main, on les fait signer un recommandé avec notre stylo, sans savoir depuis quand ils n’ont pas lavé leurs mains… De plus, les sonnettes et poignées de porte sont des nids à bactérie. En clair, impossible d’éviter les microbes.
- Courriers et prospectus brassent aussi de nombreuses poussières, que l’on respire à pleins poumons. On tousse, on a le nez pris, voire on saigne du nez.
- Manipuler des colis, des liasses de publicités ou des caissettes remplies de courrier laisse aussi des traces. Le dos est particulièrement exposé.
Mais le corps humain est bien fait. Quand on alterne petits contrats et périodes de carence, le corps n’a pas le temps de s’habituer à tout cela. Mais à force de s’exposer quotidiennement à tous ces maux, les effets se font moins ressentir. Résultat : on cicatrise plus vite, on est moins sensible aux maladies et les douleurs articulaires sont moins présentes. C’est la force de l’habitude !
Pourtant, on ne peut pas cacher que le métier laisse des traces. Les blessures ponctuelles de type entorse, foulure ou torticolis ne sont pas rares. Contre celles-ci, le corps ne développe évidemment aucune accoutumance.
Surtout, bon nombre d’agents souffrent en fin de carrière de douleurs chroniques au dos. Le mal de dos, c’est la « maladie du facteur ». Si l’on peut appliquer les postures de manutention lorsque l’on charge par exemple les colis dans notre voiture, ça devient plus compliqué une fois en tournée. Monter/descendre de voiture, se contorsionner pour atteindre une boîte aux lettres mal placée, se tourner pour attraper du courrier… Tous ces petits riens usent, abîment inexorablement les facteurs. Qui arrivent à la retraite dans un fâcheux état, pour ne pas dire complètement broyés.
En résumé, le facteur est dur au mal, mais il existe bien un défaut dans sa cuirasse…